Lamentations

Ayons pitié de ceux-là Qui se meurent déjà Avant même que de naître Et qui suffoquent lentement Dès la première bouffée d'air Qui est péniblement inspirée Ayons pitié de ceux-là Dont la triste existence Ne sera que désolation Dans l'indignité la faim L'insomnie et le deuil Ayons pitié de ceux-là Qui subissent leur destin Sans chanter ni danser Car ils sont des sans voix Face aux sans foi ni loi Ils ont déjà tout entendu Mais n'y comprennent rien Ils vocifèrent à l'occasion Mais personne n'en a cure Et ils souffrent atrocement Ne peuvent donc pas rigoler Car leurs sourires grimaçants Ont transformé leurs visages En des masques qui font peur Ayons pitié de ceux-là Qui du matin au soir S'en vont ici et là Sans but ni objectif Et suant sang et eau

Hélas toujours en quête D'une quelconque croûte Et qui reviennent toujours Avec les deux mains vides Et le ventre encor plus creux Ayons pitié de ces enfants Dont on fait couler le sang Avec une telle férocité Et en toute impunité Ayons pitié de tous ceux-là Qui ressemblent à des fantômes Méprisés opprimés et zombifiés Qui sont nos sœurs et nos frères

Car si aujourd'hui c'est eux... Demain ce sera peut-être nous... Nous les privilégiés qui demeurons Si indifférents à leurs lamentations Nous qui n'avons pas su leur tendre Une main chaleureuse et fraternelle Cette main qui aurait pu les aider À vivre comme des êtres humains Ceux-là qui ne peuvent que prier Avec la plus grande ferveur Et qui se demandent perplexes Si leurs dieux les entendent Pitié pour nos sœurs et nos frères Bien avant qu'il ne soit trop tard Aujourd'hui c'est encore eux Et alors demain qui sait? Ce sera peut-être nous!