La Mémoire

Laisse chanter la mer Son air est mon repère, L'espoir d'une autre vie, Meilleure que celle-ci.

Dieu merci j'ai le ciel Pour moi tel une ombrelle, A toi ,toute la terre Et les trésors des mers.

Tu as toutes les clés Des portes et des guichets Mais tu n'auras jamais Le goût du verbe aimer

Aussi rappelle toi; Tu peux raffler les voix Les "oui" avec les "non" Mais pas ma soumission.

C'est ma sueur et ma voix Qui te donnent l'élan; C'est moi le carburant Par qui ta force croît,

Mais dans la pénombre Et la foule en émoi je ne suis qu'un nombre Dans le compte des voix,

Quand la chance te largue, Aux confins d'une orgie, Au milieu d'une vague Tu me verras enfui,

Victime de ton glaive Dans un cauchemar inoui, Je serais l'insomnie Qui prive de tout rêve .

L'enfant venu d'ailleurs Te lira par malheur Les histoires de terreur Dont tu étais l'auteur,

La voix qui chantera Pour mon enterrement Sera certainement là Le jour de ton jugement,

Elle connaît tous les bruits Les cris des suppliciés Le grondement des geôliers Les pleurs au fond du puits

Les vérités voilées Et les âmes violées La froideur des couloirs Et l'odeur des parloirs,

Elle aura tout le temps Et les moyens qu'il faut Pour dénombrer les maux Infligés aux enfants;

Elle te donnera un nom Laid comme ton passé Aussi noir que le sang De ma haine et mes plaies;

Elle est cette mémoire Qu'on ne soupçonnait pas Elle est toute l'histoire; Celle qu'on n'oublie pas.