Ecris ...
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Écris mon ami, Écris, On m’a déshérité de la langue de mon père, Depuis que la mort rouge est attestée arabe, Même entouré d’un visage saluant, mon Salam plaide coupable pour un crime Que je n’avais jamais commis, ni mes ancêtres, Mon fils s’il lui arrivait de naître ne le commettrait jamais ! Écris mon ami, Je me suis dévêtu de mon nom, Mon prénom, je l’ai voué à un nuage sans nom Errant imitant un papillon dans son dessin, Mon nom, mon prénom sont des métaphores qui évoquent la mort, Quelle poésie restera-t-elle à mon alphabet ? Écris ami, Elle est martyrisée en allant enterrer son fils martyrisé, Comme si notre vie était un faux pas qui n’emmène qu’au trépas, La mort est un corbeau qui a escorté la mort jusqu’à ici, Poussé par les rumeurs de la démocratie, Un mercenaire a fusillé son aile, Et la mort traînante s’est exilée parmi nous, Nous faisons l’amour chaque soir pour la perpétuer, Sous une prison à ciel-ouvert comme unique démocratie, Oui, nous sommes des esclaves qui allaitons nos maîtres, Le sang se trempant au sang, C’est ainsi que les martyrs pleurent les martyrs, Nos martyres sont au nombre d’étoiles, On les contemple jusqu’à ce que la nuit Finisse de tisser notre linceul. Écris, Mon passeport est la carte d’identité de l’Ange de la mort rouge, Je n’ai d’hymne que la langue étrangère des étoiles, De drapeau que mes vieux habits d’oisif. Écris mon ami, Ici, assigné à résidence par les frontières, Je n’ai pour toute adresse que ma voisine, la mort exilée. Bercé contre le cœur endeuillé, le lait de la mère a un goût funèbre, Sous un ciel las d’être prolétaire, Le trépas nous encercle, tout le firmament une pierre tombale, Le silence lourd de la pierre au milieu d’un désert sans début ni fin, De la paume tendue y tambourine une orpheline de cinq ans, Seulement lui revient un écho d’agonie, Sinistre tel un chant de canon prêchant la liberté, Ses plaintes retentissent dans chaque minaret, Où l’appel à la prière appelle à l’aide, Il s’en va sourd à la mosquée, les yeux contemplant un ciel lointain Et jamais le ciel ne fut à portée de main que dans les larmes d’une orpheline, Quelque part dans une contrée lointaine au sol blanc froid, Une vieille femme sourde-muette allume une bougie pour l’orpheline. Écris mon ami, Écris dans ma langue natale, « Je suis arabe ! » N’oublie pas de traduire à coups de dictionnaire ce point d’exclamation francophone à mon arabe.